Le Diplôme d'octobre est un conte politique sur les ressorts de la domination.
Il nous plonge dans l'imaginaire et le style de la littérature d'Europe centrale du siècle dernier (hommage au Jeu des perles de verre de Hesse ou au Palais des Rêves de Kadaré), pour mieux mettre en scène une satire résolument moderne de l'idéologie technocratique européenne et du rôle des universités ou grandes écoles dans la production d'une pensée unique.
Ephias Sauertieg, intellectuel de génie mais incapable de tout lien avec le monde réel, cherche à poser les bases d'une civilisation de progrès et d'unité dans un empire (inspiré de l'empire austro-hongrois) qui se construit sur les décombres d'une guerre civile. Mais le sens et la générosité de son oeuvre lui échappent quand le cynique Oenigin Tzitsillis, ministre de la police, comprend comment il peut en faire un nouveau roman national, implacable outil de formatage de la pensée. Il donne alors à Sauertieg les moyens de créer l'université où seront formés les nouveaux maîtres à penser du régime et d'où va naître une terrible répression politique contre les spécificités culturelles de chaque région. Cette répression obligera Sauertieg à descendre de son piédestal, à plonger dans les complots politiques de son époque, à se confronter à la réalité quotidienne des damnés et à éprouver dans sa chair la violence d'un monde qu'il voulait créer par la seule pensée.
Mais saura-t-il se rendre compte avant qu'il ne soit trop tard de l'instrumentalisation de son oeuvre au profit d'un nouveau totalitarisme ?